CHéPA — Le Journal Pour Tou.te.s

De septembre 2018 à avril 2019, les élèves de 3ème1 du collège Jean-Pierre Timbaud ont travaillé à la réalisation d'un journal sur le sexisme nommé CHéPA. Le point de départ de la réflexion des élèves a été l'exposition  Computer Grrrls  (Gaité Lyrique, mars-juin 2019) et la place des femmes dans l'histoire de l'information.
Voici le compte-rendu de Sarah, qui a mené les ateliers.
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Télécharger le journal en PDF

Compte-rendu d'un atelier au collège Jean-Pierre Timbaud, Bobigny

J'ai tenu un carnet de bord durant toute la durée de l'atelier. Au début, les comptes rendus des ateliers sont sous prises de notes, puis j'ai décidé de changer d'emmener ce carnet de bord plutôt vers le récit afin d'être plus précise dans cette expérience, et dans l'utilisation de do.doc

Introduction

Mercredi 19 septembre 2018, Bobigny

Premier atelier au collège Jean-Pierre Timbaud, avec les troisièmes de la classe coopérative, montée par Romain Poncato, enseignant en histoire-géographie et Anne Régnier, professeure en mathématiques. Une classe coop expérimente une pédagogie plus ouverte et plus active. Les élèves ont leur mot à dire dans toutes les décisions relatives à la classe et ils travailleront sur deux projets tout au long de l’année :
– Un projet de classe dont ils seront les responsables et les organisateurs
– Un projet que nous allons mener ensemble, la création de A à Z d'un journal autour de l’exposition Computer Grrrls qui se tient à la Gaîté Lyrique de mars à juillet 2019. Cette exposition aborde les questions liées à l’invisibilité des femmes dans l’informatique et rassemble des positions artistiques qui parlent des relations passées et présentes entre genre et technologie.

Avec Lucie Bernard, chargée du projet à la Gaîté Lyrique, nous découvrons le collège, une cour assez grande, une architecture des années quatre-vingt avec de grands espaces lumineux. Les couloirs sont très larges, contrairement à mes souvenirs de collège où il était difficile de circuler. Nous rencontrons les 22 élèves de la classe, assis autour de tables disposées en îlots. La salle est grande et offre un large espace à l'arrière. Lucie présente rapidement le projet et son rôle, puis me passe la parole. Je me présente, expliquant mon métier de graphiste et de développeur. Je parle également l'exposition Computer Grrrls, en évoquant les questions et les enjeux posés par celle-ci.
Je leur dis:
– Si vous deviez me décrire quelqu’un qui travaille dans l’informatique comment le décrieriez-vous ?”
la réponse est sans surprise
– Un homme avec des lunettes.
– Est-ce qu'il y en a parmi vous qui veulent travailler dans l’informatique ?
deux garçons lèvent la main.
– Vous pensez que les filles ne peuvent pas travailler dans l’informatique ?”
– Si mais c’est rare, normalement c’est plutôt les garçons
– Normalement ?
– Oui dans les films, les séries, on voit plutôt des garçons.
– Vous connaissez des femmes autour de vous qui travaillent dans le domaine de l’informatique ?
Un non général, sauf une élève qui a une voisine qui est ingénieure informatique.

J'évoque ensuite avec eux le Test de Brechdel qui met en évidence la sous-représentation de personnages féminins dans une œuvre de fiction. Pour réussir le test:

  • Il doit y avoir au moins 2 personnages féminins
  • Ces 2 personnages doivent avoir au moins une conversation
  • Ces 2 personnages doivent avoir au moins une conversation dans lequel elles ne parlent pas d’un personnage masculin

Je leur montre ce site : http://bechdeltest.com/ qui fait passer le test à de nombreux films.

Nous discutons:
- J'ai une question simple pour vous, c'est quoi le dernier film que vous avez vu ? Est-ce qu'il passe le test ?

Nous parlons du dernier Mission Impossible (que je n'ai pas vu). Dans le film il y a deux femmes, dont une qui n'apparaît qu'à la fin puisqu'elle est (spoiler) présumée morte. Ces deux femmes n'ont qu'une seule conversation, à la fin du film et elles parlent du… personnage de Tom Cruise. Test failed ! Nous réfléchissons tous ensemble, nous naviguons sur le site et nous trouvons malgré tout quelques références de films récents qui passent le test.
Au début, les élèves sont un peu mous, difficiles à réveiller le mercredi matin à 8h, mais le débat commence à prendre et je repère les motivés.

Dans cette émulsion naissante, il est temps de leur demander leur avis.
- Qu'est-ce que le sujet vous évoque ?
Les mots fusent: la discrimination, le sexisme, les inégalités des hommes et des femmes. Nous parlons des inégalités dans les métiers, les inégalités de salaires, "les hommes sont mieux payés que les femmes, c'est sûr", les quotas pour la parité, métiers genrés
- Est-ce qu'il y a vraiment des métiers genrés ?
- Oui ! sage-femme et esthéticienne c'est pour les femmes et mécanicien et informaticien c'est pour les hommes.
Nous remarquons au passage qu'il y a certains métiers que nous utilisons seulement au masculin ou au féminin: sage-femme, esthéticienne, femme de ménage, secrétaire etc. Quelqu'un fait la remarque que certains métiers au féminin comme secrétaire ou coiffeuse sont aussi des noms de meubles.
Nous évoquons les stéréotypes et les préjugés, de genres d'abord mais aussi liés aux couleurs de peau et aux origines. Janoushan (grand parleur) a été très marqué (il a dû raconter cette histoire au moins 4 fois ce jour-là) par une agression verbale qu'il a subie dans les transports en commun, lorsqu'une vieille dame l'a traité sans raison de singe. La question des agressions dans les transports les intéresse:
- Les femmes se font-elles plus agresser dans les transports?

Puis nous parlons des images stéréotypées que véhiculent les publicités, les séries, les films et les jeux vidéo. Une élève lève la main et dit:
— Les emplois du temps
On a du mal à comprendre. Elle s'explique. Elle parle des inégalités homme-femme dans les emplois du temps, elle présuppose que les hommes ont plus de temps de loisir que les femmes, puisque les femmes travaillent sans cesse pour les tâches ménagères.
Alors je demande:
- Vous faites quoi après l'école quand vous rentrez à la maison ?
- Je vais chercher mon frère à l'école, ensuite je rentre, je fais la cuisine, le repassage, puis je mange, puis je fais mes devoirs, après je suis crevée je vais me coucher (fille)
- Je vais faire les courses (fille)
- Je fais le ménage (fille)
- Je joue à Fornite (garçon)
- Je joue aux jeux vidéo (garçon)

OK…!
– Les garçons vous aider jamais à faire le ménage, la cuisine ou les courses ?
– Noooooooon !
– Enfin si moi des fois le samedi j’accompagne ma mère aux courses mais ça me saoule.
– Les filles vous jouez jamais aux jeux-vidéos ?
– Si parfois, mais on n'a pas trop le temps.
OK…!

La discussion s'anime, tout le monde voit bien qu'il y a un problème dans ce que nous sommes en train de nous dire.

Des questions ont été posées et nous avons désormais une liste d'idées d'articles pour le journal:

  • Liste des métiers qui sont masculins et qui deviennent des objets au féminin
  • Sondage chez les 3ème -> Quels métiers veulent-ils faire plus tard ?
  • Sondage dans le M5 et le T1 autour des agressions dans les transports
  • Comparaison des métiers au collège / comparaison des salaires homme-femme
  • Pourquoi y a-t-il moins de femmes dans l'informatique ?
  • Comparaison des emplois du temps travail / loisirs par rapport au genre (ce que font les garçons et les filles après les cours.)

Nous passons ensuite à l'analyse des journaux, j'ai acheté un échantillon de journaux à analyser par groupes: Libération, Le Monde, Le Parisien, L'équipe, Le Carnard Enchaîné, Charlie Hebdo. Bien sûr tout le monde veut L'Équipe. L'idée est d'analyser la structure d'un journal, quels sont les types de contenu ? Quels en sont les invariants ? Comment sont-ils mis en page ?
À partir de ces questions et de l'analyse des élèves nous établissons le lexique:

Contenu

  • Titre
  • Article
    • texte
    • paragraphe
  • Légende d'une image
  • Chapeau = résumé, introduction, se trouve entre le titre et le début de l'article
  • Auteur et twitter de l'auteur
  • Interview
  • Bande dessinée
  • édito
  • Gros titre
  • La une = la première page du journal
  • La der = la dernière page du journal
  • Rubriques (exemple: sports, politique, monde, culture)
  • Prix
  • Périodicité
    • quotidien = 1 fois par jour
    • hebdomadaire = 1 fois par semaine
    • mensuel = 1 fois par mois
    • trimestriel = 1 fois tous les 3 mois
    • annuel = 1 fois par an
  • Images / Illustrations = photos, photomontages, cartes, schémas, dessins, graphiques, tableaux
  • Logo (ou titre du journal)
  • Dossier thématique
  • Chroniques = série d'articles qui s'étend sur plusieurs journaux
  • Jeux (exemple: Sudoku)
  • Encart abonnement
  • Météo
  • Annonces
  • Portrait = biographie
  • Sommaire
  • Lien vers les réseaux sociaux (ex: Twitter)
  • Numéro du journal
  • Citations
  • Site web
  • Actualités
  • Publicités

Mise en page

  • Mise en exergue de certaines phrases = mise en avant
  • Format du journal
  • Suppléments thématiques
  • Couleurs / noir et blanc
  • Colonnes
  • Photo détourée = découper numérique un élément d'une photo

Ton du journal

  • Caricatural
  • Ironique
  • Drôle
  • Sarcastique
  • Vulgaire
  • Racisme
  • Humour noir
  • Jeux de mots
  • Sérieux
  • Facile / Difficile à lire
  • Le public cible = à qui s'adresse le journal (ex: adolescents, enfants, adultes, pour tous…)

Réunion de rédaction

Mercredi 26 septembre 2018, Bobigny

Deuxième séance de cet atelier, il va falloir prendre des décisions en commun concernant les caractéristiques du journal que nous allons fabriquer ensemble. Nous devons aussi affiner le choix des articles et constituer les groupes de travail.

J'ai décidé d'introduire cette séance de 4h par une analyse d'image. J'ai fait une sélection d'images issues de la collection de publicité femmes et ordinateurs de Marie Lechner, commissaire de l'exposition Computer grrrls. La dernière fois lors du dernier débat, j'avais demandé à une élève de faire médiatrice, distribuer la parole et poser des questions pour préciser les remarques des élèves. L'expérience avait plutôt bien fonctionné (et je me rends compte en écrivant ce compte rendu que j'ai oublié de le mentionner dans le précédent). Je propose donc de recommencer et une élève se propose pour médier la discussion. Nous analysons les publicités choisies, la plupart sont en anglais, atelier traduction dans le même temps. L'analyse des images montre bien que les hommes / les garçons sont donnés comme aptes à utiliser des ordinateurs tandis que les femmes sont reléguées au deuxième plan dans ce domaine (, généralement en qualité de mère ou d'épouse). Tout ça commence à faire sens dans l'esprit des élèves et notamment des filles.
Nous avons bien discuté sur ces images et passons à une activité plus manuelle. Je propose de leur montrer comment fabriquer un carnet de recherche, quelques feuilles blanches, des feuilles de couleur un peu épaisses pour la couverture et une agrafeuse à bras. Tout le monde plie, mais l'agrafage leur fait peur et je finis en général par le faire à leur place.
C'est l'heure de la réunion de rédaction, nous devons nous mettre d'accord sur plusieurs points.
– Pour qui allons-nous faire ce journal ?
– Pour tooous !
– Et toutes !
– Comment allons nous distribuer le journal ?
– Gratuit!
– Non on pourrait le vendre et se faire des sous !
J’interviens
– Le projet est financé par la Gaîté Lyrique, ça ne serait pas très juste de le vendre non ?
Nous sommes tous et toutes d’accord pour la gratuité.
– Nous irons le distribuer à la gare et au métro !
– Aussi dans les boîtes aux lettres de nos immeubles.
– (Les garçons insistant le fantasme du paperboy américain) À vélo, on les mettra dans les boîtes aux lettres !
– Au collège, aux profs, aux élèves.
– Ok pour la distribution. Et on imprime à combien d’exemplaires ?
– 10 000 !
– 50 000 !
– Ok ok ! Bon, on ne va pas lancer des propositions au
hasard. Mettez-vous par groupes et on va réfléchir à un chiffre cohérent.
On sort les calculettes et nous mettons en commun les propositions:
- 3 000 exemplaires… (et pourquoi pas?)
- 25 000 exemplaires (la moitié des habitants de Bobigny)
- 93 000 exemplaires (le code postal de Bobigny)
- 1100 exemplaires (50 journaux à distributer par élève)
Nous avons un budget de 1500 euros donc, nous partons sur 1100 exemplaires, ce qui semble le chiffre le plus raisonnable («oui mais on peut en faire 25000, nous on les distribue à vélo !»)
– Ok c’est bien beau tout ça mais comment on l’appelle notre journal?
– Le JPT (pour Jean-Pierre Timbaud)
– Les Boboch
– Le wesh Boboch
– Le Journal Pour Tou.te.s (qui fait aussi JPT, malin !)
Gros enthousiasme d'une partie de la classe. Puis Romain demande à Valeriu, un élève incapable de parler fort devant tout le monde :
– Et toi Valeriu, tu l’appèlerais comment ton journal ?
Valériu répond «Chépa» (la réponse qu’il fait apparemment à toute question). Romain rebondit :
– Ah mais oui ! on pourrait l’appeler Chépa. Vous dites tout le temps ça et ça pourrait être un principe du journal, des questions auxquelles vous tentez de répondre.
La classe et moi sommes motivées. Mais une partie préfère quand même Le Journal pour tou.te.s. Nous votons et la majorité va à Chépa. Comme le désaccord continue, je propose de l’appeler Chépa, Le journal pour tou.te.s. Proposition acceptée !

Afin de demander un devis à des imprimeurs pour estimer le budget et le nombre d'exemplaires possibles, nous devons décider de quelques propriétés: papier, couleur, nombre de pages, format, reliure… Nous partons dans un premier temps sur un façonnage classique: papier recyclé, couleur, 16 pages, A3, cahier plié non relié

On a avancé, sur la forme.
Passons au contenu.

Nous reprenons les sujets retenus la dernière fois. Un élève fait la médiation pendant que je prends des notes au tableau. 3 thèmes sortent de la discussion: Homme / femme dans les métiers, la représentation des filles dans les jeux vidéo et les agressions dans les transports. Ainsi 3 groupes se forment 1 groupe de garçons (5 élèves), 1 groupe de filles (6 élèves) et 1 grand groupe mixte (9 élèves).
Quelques idées d'articles commencent à émerger:

  • Orientation / projection dans une profession
    • Sondage auprès des élèves de 3ème -> «Que veux-tu faire plus tard ?»
    • Comparaison homme-femme
  • La représentation des filles dans les jeux vidéo
    • Les filles sont sous représentées
    • Analyse de différents jeux vidéos (Tomb Raider, GTA…)
  • Les agressions dans les transports
    • Sondage auprès des usagers
    • Insultes racistes
    • Regards
    • Agressions verbales
    • Les hommes qui se frottent aux femmes
    • Les remarques sur les tenues des femmes
    • La légitime défense
    • Témoins
      (Janushan a re-re-re-raconté son histoire d'insulte dans les transports, of course)

Nous nous quittons avec toutes ces discussions en tête. Prochain atelier la semaine prochaine pour démarrer les recherches et l'écriture des articles.

Recherches et écriture des articles

Mercredi 10 octobre 2018, Bobigny

Tout d'abord, nous listons les tâches restantes:

  • Rechercher les informations (livres, internet)
  • Écrire les articles sur l'ordinateur
  • Donner un titre aux articles
  • Donner la date et l'auteur
  • Choisir les images
  • Crédits photographiques
  • Sources des images et des articles
  • Ordonner les sujets par thématiques (faire le chemin de fer)
  • Sommaire - Réfléchir à la Une
  • Mise en page (position des textes et des images)
  • Impression
  • Distribution

Puis nous nous sommes rendus en salle informatique pour que les élèves commencent à faire des recherches pour leurs articles. Ils se sont répartis par groupes, j'ai voulu qu'ils s'auto-organisent au sein de chaque groupe en se répartissant les tâches. Ça n'a pas vraiment fonctionné.
Le groupe sur les agressions a commencé à constituer une base de données en recherchant des témoignages, notamment en Île de France. Ils ont également regardé des vidéos de surveillance de bus.
Le groupe travaillant autour des filles dans les jeux vidéo a choisi plusieurs exemples de jeux. Dans deux sous-groupes, ils ont analysé la représentation féminine en choisissant des images pour illustrer leur propos. Le troisième sous-groupe a fait des recherches plus générales.
Trois sous-groupes également pour la recherche sur la parité dans les métiers :

  • 1 groupe recherchant des images liées à des métiers afin de les analyser par la suite (métiers genrés ?)
  • 1 groupe écrivant les questions du sondage (que voulez-vous faire plus tard ?)
  • 1 groupe écrivant une introduction à ce sondage

Il y a eu des petits soucis de mésentente au sein de ce groupe.

Groupes de travail

Agressions dans l'espace public
Dina, Foued, Lecky, Lyna, Yann, Oumar, Norhene, Janushan

Sondage - orientation 3ème - égalité homme-femme
Noraya, Christelle, Ambre, Sonia, Najira, Douna, Diaretane

Les filles dans les jeux vidéo
Ludovic, Valeriu, Harzan, François, Daniel, Amire

À l'interclasse de 11h, nous retournons dans la salle de cours. Plusieurs incidents ont lieu, des bagarres dans les couloirs et quelqu'un écrit chinois en gros sur le tableau.
Nous engageons une discussion / débat avec les élèves autour des agressions au collège. Il n'est pas normal qu'en ayant travaillé toute la matinée sur ce sujet, ils reproduisent les choses qu'ils critiquent. Voici le résumé de cette discussion.

Toute agression est violente

Définir les types d'agressions en général:

  • agressions verbales
    • insultes
    • agressions morales = mentale, harcèlement (répétition), critique (ex: t'es gros)
    • discriminations
    • ségrégation raciale, racisme.
    • Exemple: aux USA, avant il y avait des lavabos pour les noirs et des lavabos pour les blancs
    • Exemple 2: une publicité H&M raciste: un enfant mannequin noir portant un pull avec écrit «le singe le plus cool de la savane»
  • agressions physiques
    • violence
    • coup de poing
    • chassés
    • coups
    • racket
  • agressions sexuelles
    • viols
    • attouchements
    • frottage / collage
    • jeux de regard (regards appuyés)
    • draguage
    • sifflements

Quelles agressions au collège ?

  • Violences physiques
    • Coups de poings
    • balayettes
    • rassemblements
    • bagarre en réunion "sauté"
  • Critiques (mal habillé, gros, moche)
  • Insultes parents et familles
  • Insultes racistes (Sale arabe, sale noir)
  • Jeux des mains (la journée où tout le monde se met des mains aux fesses)
    • quelqu'un lance la journée de la main sur snapchat et tout le monde doit mettre des mains aux fesses à tout le monde au collège
  • Racket de bonbons

Quand ?

  • Récrés
  • Interclasses
  • Tous les jours (sauf le vendredi à 15h)

Où ?

  • N'importe où
  • Cour de récré
  • Dans la cour en haut à gauche (près de l'herbe)

Pourquoi ?

C'EST POUR RIGOLER !

Les élèves sont choqués lorsqu'ils sont agressés en dehors du collège par des personnes qu'ils ne connaissent pas (insultes surtout). Mais pour les mêmes agressions au sein du collège et par leurs camarades, pas de problème, c'est pour rigoler.

Écriture et chemin de fer

Mercredi 7 novembre 2018, Bobigny

En ce jour de pluie, et de feu sur l'autoroute, Romain et moi arrivons en retard d'une dizaine de minutes.
Les élèves étaient installés en ligne dans la salle informatique.
Voilà trois semaines que nous ne nous sommes vus, reprise post-vacances. À la dernière séance les élèves ont commencé à écrire leurs articles puis nous avions eu un débat sur les agressions au collège.
Aujourd'hui, je leur demande, dans un premier temps, de présenter leur travail en cours à l'oral. Ils doivent se connecter sur leur session, videoprojeter leur article en cours d'écriture et en parler aux autres. Problème d'ordinateur, windows vista, très lent, ça traine à commencer.
Le premier groupe passe autour des agressions dans les transports, ils ont récolté des témoignages trouvés sur un internet, ont émis des hypothèses, ont fait quelques constats, ont trouvé des chiffres et ont commencé à sonder les autres élèves: ont-ils déjà été agressé ? qu'en pensent-ils ? quels sont leurs préjugés sur les agressions ?
Tout est un peu brouillon et pas très bien construit. Je remarque que prendre la parole à l'oral est difficile pour eux et qu'ils n'ont aucune capacité à résumer leur travail, ils doivent lire pour en parler.
Nous faisons la liste de ce qu'il leur reste à faire.

C'est au tour du deuxième groupe de passer autour de la représentation des filles dans les jeux vidéo. Il est difficile de les faire parler, ils lisent leur texte.

Le troisième est plus organisé, autour des métiers genrés. Ils ont écrit une introduction, un constat, des questions précises pour leur sondage et ont commencé une recherche d'illustrations. Ils doivent désormais faire le sondage auprès des collégiens.

Mais aucun n'a réussi à synthétiser, tous ont lu.
Romain m'apprend qu'ils ne présentent que rarement à l'oral et qu'en général ils lisent, pourtant, ils auront un oral au brevet.

Les élèves retournent ensuite sur les ordinateurs afin de continuer l'écriture de leur article. Peu de concentration, beaucoup de Youtube qui n'a rien à voir, ils avancent très lentement. Il faut les accompagner pour qu'ils fassent ce qu'on leur dit. Ils ont l'air perdus face à peu de consignes.

Pour la dernière demi-heure, je propose une réunion de rédaction afin d'établir le chemin de fer. Leiki propose de m'aider dans l'animation de la concertation et prend le rôle de médiatrice.
Que met-on sur la couverture ? Les débats s'animent, les trolls aussi. C'est long, trop long. Nous essayons de prendre des décisions communes, c'est assez compliqué de trouver des consensus. Les élèves sont agités, avec une écoute et une attention moindre pour certains. Leiki prend son rôle au sérieux, s'attache à distribuer la parole et à faire le silence quand il le faut.
Il faut trouver un ordre aux articles. Au début, chaque groupe veut mettre son article en premier, le premier c'est le meilleur. Il m'a fallu pour obtenir qu'ils argument leur décision. Souvent, c'est un oui ou un non sans «parce que». Petit à petit, des élèves qui prennent rarement la parole se mettent à donner leur avis, les plus turbulents écoutent et arrêtent de couper la parole, les arguments arrivent. Il y a des différents et certains font des propositions de consensus. Finalement nous arrivons à définir un chemin de fer non figé.

Atelier photographie avec Frédéric Danos

Mercredi 21 novembre 2018, Bobigny

En allant à Bobigny, je raconte à Frédéric l'anecdote des différences d'emploi du temps post-scolaire entre filles et garçons, les filles aux travaux domestiques, les garçons aux jeux vidéo.

Nous arrivons dans la classe avec Frédéric où les élèves semblent agités. Un «ta mère» est lancé, et quelqu'un réplique «Laisse la tranquille sa mère, elle a rien à voir dans l'histoire».
Nous demandons aux élèves de nous présenter leur article et leurs avancées afin que Frédéric soit à jour. Janushan commence et présente le Power Point de son groupe traitant la thématique des agressions dans les transports. Ils ont réalisé un sommaire avec les différents articles qui composent leur thématique. Mais tout n'est pas encore terminé. Il expose facilement la problématique du groupe, leurs idées et ce qui leur reste à faire.
C'est au tour du groupe sur les métiers. Un des documents de travail semble avoir été perdu dans les méandres de l'informatique. «C'est pas moi, c'est la machine».
Pour chaque présentation, c'est toujours compliqué; il faut que les élèves retrouvent dans quelle session ils ont enregistré leur travail, se déconnecter, se reconnecter sur Windows Vista, c'est long et laborieux.
Le groupe qui travaille sur la thématique des métiers a réalisé près de 50 sondages auprès des élèves et des adultes. Pour les élèves ce sont des questions prospectives qui sont posées (que voulez-vous faire plus tard ? ), pour les adultes ce sont plutôt des questions de type biographiques «quels métiers faites-vous ? que vouliez-vous faire quand vous étiez en 3ème? » Maintenant il va falloir les analyser. Romain suggère de comparer les désirs chez les adultes et ce qu'il en est finalement advenu.
Le groupe des jeux vidéo passe à son tour, ils ne retrouvent plus les nouveaux articles qu'ils ont écrits car François est absent et tout est sur la session. Un problème récurrent. Dans cet établissement «pilote numérique», rien n'est fait pour travailler en groupe, seuls le travail individuel et la note comptent.

Nous démarrons ensuite une discussion autour du cadrage, du sens des images et de leurs légendes. Frédéric explique ce qu'est le recadrage et comment il peut transformer une image.. Nous leur montrons ensuite une série d'images que nous avons recadrées, en leur demandant de nous dire ce qu'ils voient et de nous décrire ce que l'image raconte. Nous finissons sur une image de Robert Capa datant de la 2ème guerre mondiale. Frédéric l'a recadré de sorte que l'on ne voit qu'un groupe de gens marcher et un policier se retourner en souriant.
Nous demandons aux élèves de dater cette image et de nous dire ce qui se passe. Ils ont du mal à la dater, le noir et blanc leur donne un indice mais ils sont encore beaucoup trop loin dans le temps. Ils parlent de manifestations, peut-être un prisonnier ? Les gens ont l'air heureux.
Finalement nous leur montrons l'image en entier. Une femme tondue, portant un bébé dans ses bras est emmenée par un policier. Nous leur demandons de dater à nouveau l'image. Nous parlons des jupes, du képi du policier, de la date de l'invention de la photographie. Finalement nous lâchons le morceau, cette image date de 1945.
Alors que se passe-t-il ? Ils nous parlent des camps de concentration:
- La femme a l'air amaigrie, peut-être elle sort des camps ?
- ou peut-être qu'elle a fait la guerre ?
- Mais que fait le policier ? Pourquoi est-elle tondue ? Qu'a-t-elle sur le front ?
Nous finissons par leur expliquer qu'en 1945, on tondait les femmes supposées collabo. Certaines avaient eu une histoire d’amour avec un soldat allemand, certaines étaient actives dans la milice, d’autres des boucs émissaires. Une fois tondue, on leur traçait une croix gammée sur le front, on les baladait dans la rue avant de les fusiller.

C'est la pause, la deuxième partie de l'atelier pratique sera consacrée à la pratique, à la prise de photos. Retour de la récré, Frédéric énonce les différents types de photos possibles: contexte, illustration et métaphore. Par exemple, un article sur les agressions dans les transports, une photo de contexte pourrait être une photo d'un quai de métro, sur la photo illustration, on verrait quelqu'un en train de se faire voler son sac et la photo métaphore, toujours plus compliqué à exemplifier, c’est une chose pour une autre.

Les élèves se réunissent par groupes dans la classe, ils ont 20 minutes pour décider quelles sont les photos qu'ils vont prendre pendant une heure; contrainte: on ne peut pas sortir de l'école. Le groupe qui traite des agressions dans les transports veut faire des mises en scène, le groupe sur les métiers va prendre en photo les différents corps de métier de l'école, et le groupe jeux vidéo décide de faire des mises en scène dans la salle informatique. Et c'est parti tous les groupes partent en expédition dans l'école, smartphones en main. Lucie (coordinatrice du projet à la gaité lyrique) qui est arrivée entre-temps prend en charge le groupe jeux vidéo. Frédéric part dans le hall du collège avec les agressions dans les transports, j'essaye de suivre le groupe des métiers qui se disperse dans l'école et Anne fait le tour des projets.

Je retrouve une partie des filles du groupe des métiers en train d'essayer de négocier avec le technicien de surface pour le prendre en photo, il n'est pas d'accord mais une alternative est trouvée, prendre le balai avec les déchets, et hop une bonne photo!
Elles se heurtent à beaucoup de refus. Je les retrouve ensuite dans le bureau de la directrice adjointe qui s'occupe entre autres de la compta. Personne ne sait en quoi consiste son métier alors elle raconte avant de se laisser prendre en photo.
Pendant ce temps, Frédéric assiste les mises en scène d'agressions dans les transports: vols de sacs, vols de téléphones, attouchements, tout y passe. Tour à tour les élèves sont acteurs, figurants ou photographes.
Je monte dans la salle informatique, grosse mise en scène, des images de jeux vidéo sur les écrans d'ordinateurs, très efficace.

C'est le moment de retourner en classe et de regarder les photos prises.
Temps de latence, micmac, on essaye de réunir toutes les photos sur mon ordinateur pour les projeter. Le câble ne fonctionne pas, impossible de transférer les photos provenant d'Iphone, merci Apple, comme d'hab. On essaye en les envoyant par mail, c'est compliqué. Encore une fois, j'aurais mieux fait de mettre dodoc, ça aurait été bien plus rapide, là on perd du temps.
On finit par y arriver, partiellement. On débriefe sur les photos, les points positifs, les points négatifs, ce qu'il y a à refaire. Faire attention à la lumière, des scènes un peu figées, un manque de contexte, mais dans l'ensemble de bonnes photos tout à fait utilisables.

Atelier Fablab, construction de dodoc

Mercredi 05 décembre 2018, Carrefour du Numérique, Paris 19

Atelier un peu particulier, nous sommes sortis de la classe et du collège pour nous rendre au Carrefour du Numérique, au niveau -1 de la Cité des Sciences, où se trouve un fablab très sympathique. L'atelier a été organisé avec Thierry qui nous accueille en cette matinée de décembre. Je leur présente le fablab, qu'est-ce que c'est ? qu'est-ce qu'on y fait ?
Nous allons y construire la station de documentation dodoc, grâce notamment à la découpeuse laser, à la découpeuse vinyle et aux postes à souder.
Chaque groupe a un élément de la station à fabriquer, avec une série d'instructions qu'ils doivent suivre: boîtier dodoc, boîte de support et tiroir de rangement et stickers afin de décorer la boîte. Lyna, Leiki et Janushan s'occupent de prendre des photos.

Chaque groupe s'attèle à lire ses instructions et à préparer le matériel dont il a besoin. Pendant ce temps, nous préparons la découpeuse laser qui découpera les différents éléments du boîtier et de la boîte. En petits groupes, les élèves passent se faire expliquer la machine et observent le laser découpant précisément les plaques de médium.
Tous pensaient que la découpeuse laser était une sorte de stylo qui envoie un laser et qui permet de découper en dessinant, ils sont très étonnés lorsqu'ils se rendent compte qu'elle est pilotée par un ordinateur.

Une fois la découpe terminée, les groupes s'activent.
Le groupe «boîtier» soude, monte le circuit Arduino et assemble les différents éléments. Assez rapidement ils ont terminé et il fonctionne.

Le groupe «boîte» est en plein assemblage des éléments, ça colle et ça tape avec le maillet pour enfoncer les différentes pièces les unes dans les autres. Il y a un petit décalage dans certaines pièces, ils essayent de trouver une solution. Finalement, la boîte est super.

Le dernier groupe dessine les stickers à la main, puis les transforme pour les dessiner sur le logiciel permettant la découpe vinyle, la découpe de stickers. Quelques petits problèmes avec la découpeuse vinyle, nous ne la connaissons pas bien, il nous faut quelques minutes pour bien comprendre comment elle fonctionne. Après quelques essais de formats, ils sortent un sticker journal et un sticker 3ème1. Avec le consentement de la classe, ils collent les stickers sur la boîte et rangent le matériel: caméra, pièces 3D et boîtier dans le tiroir de la boîte prévu à cet effet.

3h de construction et la station dodoc est prête à être rapportée au collège et utiliser dans la salle 206.

Atelier Photographie dans Bobigny

Mercredi 19 décembre 2018, Bobigny

Mercredi matin d'hiver, assez froid, nous avons prévu de sortir avec les élèves pour faire / refaire des photos dans la ville. Nous commençons par regarder les photos prises 1 mois auparavant lors de l'atelier mené par Frédéric Danos. Quelles photos sont à garder ? Quelles photos sont à refaire ?
Rapidement les groupes décident de leur plan d'attaque.
Nous partons à pied tous ensemble direction Pablo Picasso, une petite vingtaine de minutes à pied. Là-bas nous nous séparons en deux groupes, un groupe se dirige vers le métro refaire les mises en scène dans un vrai contexte et avec l'autre groupe nous allons nous balader dans le quartier à la recherche de personnes exerçant leur métier. Nous rencontrons deux hommes, jardiniers à la ville de Bobigny. Après une maladroite explication du projet par une élève, les jardiniers refusent d'être pris en photo, ils n'ont pas l'air d'avoir bien compris le projet. Nous nous rendons ensuite dans le centre commercial, mais il n'est même pas 9h et la plupart des magasins sont fermés. Le groupe essaye d'aborder une dame, sur la défensive, elle nous indique qu'il est interdit de prendre des photos dans le centre commercial. Nous continuons malgré tout. Une boucherie ouverte, une des élèves se dévoue, prend son courage à deux mains et s'approche du comptoir pour expliquer le journal. À chaque fois, c'est la même chose et ils me demandent: «mais qu'est-ce que je dois dire?», on répète ensemble les choses à ne pas oublier de mentionner: collège Jean-pierre Timbaud, un projet de classe, nous faisons un journal autour de la question des inégalités homme-femme et nous travaillons sur un article sur les inégalités dans les métiers. Souvent certaines informations sautent. Les bouchers et bouchères sont très accueillant.e.s. Ils connaissent bien le collège et se laissent prendre en photo en plein travail.
Nous retournons au point de rendez-vous, l'autre groupe a fait des mises en scène d'agressions sur les quais de métro, plutôt réussi.
Une fois tout le monde retrouvé, nous retournons au collège en tram.
Salle info, toute petite, le but est de trier, sélectionner les photos prises et de les retoucher; recadrage et ajustement de la luminosité sont de rigueur. Ils n'ont pas vraiment l'habitude de manipuler des fichiers et des dossiers sur l'ordinateur, comment crée-t-on un dossier ? comment copier-coller ? quel logiciel j'utilise pour la retouche ? Nous utilisons Gimp, un logiciel libre de retouche d'images. Je passe voir tous les groupes, leur explique, leur montre différentes manipulations.
Nous finissons par avoir une sélection de photos pour chaque groupe que chacun range proprement dans un dossier partagé.
La prochaine fois, nous centraliserons les contenus sur dodoc !

Prise en main de do.doc

Mercredi 09 janvier 2019, Bobigny

En ce mercredi matin, nous n'avons que deux heures pour l'atelier; ce qui n'est pas plus mal, souvent 4h c'est long et la dernière heure n'est pas très productive. La dernière fois, le chemin de fer avait fait débat et certains points restent encore flous. Je propose une réunion afin de fixer le chemin de fer. Ce matin-là, pour la première fois, je suis seule avec les élèves, Romain est en congé maladie pour un mois après s'être cassé les deux mains et Anne doit s'occuper d'une partie des élèves de Romain. Ils sont très agités, très peu concentrés, c'est difficile de parler ensemble du chemin de fer. Ils n'ont pas envie, je vois que ça ne va pas, nous prenons vite les décisions, je propose des choses ils disent oui à tout. Nous expédions cette partie rapidement. Face à cette non-implication de leur part, je leur demande «Ça vous ennuie ce qu'on fait ensemble ?» Tous répondent «NooooooN» en cœur sauf Lyna «Oui, c'est toujours la même chose». Remarque intéressante.
Vite une autre activité, nous passons à la prise en main de do.doc. Par petit groupe et en fonction de leur thématique, ils se répartissent sur les vieux ordinateurs Windows de la salle d'informatique. Je leur montre le fonctionnement de dodoc, comment ajouter des photos à leur dossier, créer du texte et mettre en page leur article. Ils prennent vite ça en main. Comme il est impossible de travailler sur dodoc en réseau à cause d'un pare-feu et qu'on ne peut pas connecter les ordinateurs à du Wi-Fi, nous n'utilisons pas la fonctionalité de partage des contenus de dodoc. Chacun a son propre dodoc, ce qui impose beaucoup de contraintes. Comment vais-je centraliser le contenu pour le récupérer et assembler les pages du journal ?
Ils importent leur illustration dans dodoc, c'est long, ça rame, ça bug, tout s'arrête, se freeze, s'éteint… mauvaise journée. C'est difficile de les garder concentrer avec le matériel qui ne suit pas. Lyna s'énerve, en a marre, elle me dit «Franchement, on est censé être une école pilote informatique, vous avez vu ce qu'on a comme matériel ? Il n'y a rien qui marche et ça fait plus d'un an qu'on nous promet des tablettes», elle n'a pas tort. On se calme on se reconcentre, ça va fonctionner.
Finalement, tous réussissent à importer leurs fichiers, ils copient-collent également leurs articles dans l'éditeur de texte de dodoc, formatent leur texte, italique, bold, titre etc. Ils sont prêts à commencer la mise en page. Ça sera pour la séance prochaine, les deux heures sont terminées.

Mise en page des articles

Mercredi 23 janvier 2019, Bobigny

Il reste peu de séances, pour l'impression du journal, nous avions une piste du côté du lycée professionnel Coste qui possède un bac imprimerie, malheureusement ça ne se fera pas. Je propose d'imprimer le journal avec News Paper Club, une société anglaise qui imprime sur les presses du Times. Ainsi nous aurons un journal de 16 pages en 1000 exemplaires sur papier 70 g, en couleur, format tabloid (289 mm x 380 mm). Les élèves sont d'accord et ravis. Aujourd'hui le protocole est simple:

  • mise en page des articles, les articles ont été préalablement corrigé par Anne et ils doivent contenir un titre, les auteurs, les illustrations, les légendes et les crédits.
  • vérification de la mise en page et des dernières erreurs avec les enseignants
  • Inscription pour prendre en charge une page collective du journal: La une, l'édito, les crédits, les jeux

Les élèves s'attellent sérieusement à la mise en page, c'est rapide instinctif et bizarrement aujourd'hui tout fonctionne. Le système d'inscription pour la répartition des tâches communes fonctionne à merveille et à la fin de la séance nous avons un premier jet du journal.

Comme les ordinateurs sont en réseaux, je demande aux élèves de copier les dossiers de publications et les dossiers de contenu dans un dossier commun. Je pourrais ensuite tout copier/coller dans mon dodoc, vérifier les articles et réorganiser les pages suivant le chemin de fer établi.

Plus tard, je prépare la séance suivante, les dossiers et les publications apparaissent bien dans mon dodoc. Je décide dans un premier temps d'exporter chaque publication en PDF une par une puis de les rassembler afin de faire des corrections. Je relis le journal en entier, fait des commentaires et des corrections sur le PDF. Je me rends compte que la plupart des crédits et des légendes manquent, et qu'il manque 2 articles entièrement…
2 encadrant pour 22 élèves ce n'est pas assez pour encadrer correctement une telle activité.

Stop-motion pour la version en ligne

Mercredi 30 janvier 2019, Bobigny

Nous approchons doucement de la fin d'atelier et le journal est presque prêt à être imprimé. J'ai compilé une première version de journal, je l'ai relu et j'ai partagé mes annotations sur un PDF. Chaque groupe récupère le fichier sur le réseau intranet. Je fais un point global sur les corrections: quelques fautes d'orthographe, des phrases à reformuler, clichés et banalités par-ci par-là à modifier, et surtout les légendes et les crédits des images à compléter. Nous assistons sur l'importance de retrouver les sources des images, les élèves râlent un peu sur cet exercice contraignant puis se mettent au travail. [note: plus tard, Anne me dira que lors du brevet blanc un des élèves avait cité la source d'une image présentée]
Par rapport au chemin de fer, deux pages sont encore blanches: une pour un article «Jeux vidéo», l'autre pour un article sur les métiers.
L'article sur le jeu vidéo League of Legend est prêt, le groupe ne l'avait pas intégré à la maquette, par contre le groupe des métiers doit remplir un blanc. Elles décident donc d'inclure les résultats des sondages, sous une forme résumée. Chacun sait ce qu'il a à faire, entre corrections et finalisations des articles.
De son côté, Ludovic finalise le jeu des 7 erreurs qu'il a imaginé sur Lara Croft grâce au logiciel GIMP. Il a compris comment effacer des parties de l'image et s'en donne à coeur joie.

Une fois version papier finalisée, nous nous attaquons aux contenus pour la version en ligne.
J'installe la station dodoc fabriquée par les élèves, et je propose à certains groupes d'imaginer des stop-motions. Le groupe des agressions dans les transports décide de réaliser des stop-motions des différentes agressions qu'ils ont listées dans leurs articles. Nous déplaçons la station dodoc dans le couloir afin d'avoir de l'espace. Les deux acteurs se mettent en place pour simuler un vol de téléphone sur les quais d'un métro. Pendant qu'un autre élève se poste derrière la station afin d'appuyer rapidement sur le boîtier et de prendre une multitude de photos durant l'action.

Plusieurs petits stop-motions sont ainsi exécutés. Pendant ce temps d'autres élèves dessinent et réalisent des animations qui illustrent leurs articles de la version web. Le groupe jeux vidéo fait des recherches sur Youtube afin de trouver des vidéos illustrant la prostitution dans GTA5. Mais ils n'y ont pas accès car les contenus sont interdits aux moins de 18 ans. Je leur demande ce qui se passe dans le jeu lorsqu'on paye une prostituée. Ils me répondent qu'ils ne savent pas vraiment, qu’ils ne l'ont jamais fait: «c'est trop dégueulasse». Apparemment, on voit une fille se trémousser les fesses devant nous et il est possible de faire plusieurs actions sur elle. C'est la fin de la session et ce groupe a surtout beaucoup glandé à regarder des vidéos…

Mise en page de la version en ligne et comité de rédaction

Mercredi 20 mars 2019, Bobigny

Deux mois se sont écoulés depuis le précédent atelier. Entre mes différents projets, l'arrêt-maladie de Romain et les vacances de février, les quatre dernières heures ont été difficiles à caler.
Au programme de cette petite session de 2h: relecture du journal par un comité de rédaction et finalisation de la mise en page pour la version en ligne. Je distribue à tous les élèves une version en l'état du journal, imprimée sur un A4. Ils ont du mal à s'imaginer les tailles des images et des textes au bon format et trouvent toujours ça «trop petit». Je leur laisse le temps de lire et de découvrir le journal dans son ensemble, le travail des autres groupes en détail. Lyna et Leki trouvent qu'il y a des choses qui ne vont pas et proposent aux autres de s'occuper du comité de rédaction. Tout le monde est d'accord. Les autres élèves ont tous des petites choses à finir: finalisation des jeux, de la mise en page du journal en ligne ou encore corrections.
Le comité de rédaction s'attèle à une relecture précise. Elles proposent des corrections, des changements d'ordre et des modifications du contenu. Pour chaque proposition, elles s'entretiennent avec l'élève concerné et trouvent un terrain d'entente, elles font ensuite les corrections directement dans do.doc.

Les deux heures se terminent, le journal est quasiment terminé, quelques corrections issues du comité de rédaction n'ont pas encore pu être faites, comme par exemple reprendre la photo du collège avec un ciel bleu pour la page de l'édito.

Après l'atelier, Lucie et moi faisons une dernière relecture ensemble, certains éléments sont encore à ajuster, certaines phrases à nuancer.

Tadaaa !

Mercredi 17 avril 2019, Bobigny

Nous arrivons au Collège Jean-Pierre Timbaud, avec Lucie pour les deux dernières heures avec la classe de 3ème1.
Nous avons établi une liste de corrections, quelques corrections portent sur le contenu et nous leur proposons de se réunir par groupe afin de reformuler certaines phrases. Nous sommes trois encadrants, chacun suit un groupe. Si le groupe n'est pas d'accord avec une demande de reformulation d'une phrase, il doit le justifier auprès de nous. On sent bien que la relecture et le travail de reformulation est compliqué pour eux et que la flemme l'emporte «mais non c'est bien comme ça, je sais pas comment le dire autrement», mais on y arrive. Les deux heures filent à une vitesse folle, les élèves corrigent directement sur le journal imprimé et n'ont pas le temps de reporter les corrections sur dodoc dans la version finale. Tant pis, je le ferai. Je fais un tour des groupes pour que chacun m'explique les modifications apportées. L'atelier se termine, nous nous reverrons tous lors des Ateliers Partagés pour la présentation par les élèves de Chépa, le journal pour tou.te.s et pour la découverte de leur part du journal imprimé.

Épilogue

Le journal doit être imprimé avant le 20 mai afin d'être présenté au Festival Ateliers Partagés à la Gaîté Lyrique, exposition qui présente tous les projets en milieu scolaire effectués avec la Gaîté Lyrique au cours de l'année.
Après avoir intégré les modifications du dernier atelier et effectué les dernières relectures, j'exporte le PDF avec do.doc et l'envoie avec une demande d’impression à 1000 exemplaires, sur le site anglais d’impression en ligne News Paper Club. Le site m'indique un prix de 1500 euros avec les frais de livraison en France. Nous sommes début mai, mardi matin, je lance la commande, toujours avec cette appréhension d'avoir oublié quelque chose, cette peur juste avant l'envoi. Les journaux devraient arriver dans une semaine. Le jeudi suivant, Lucie m'appelle, les journaux seront livrés à la Gaîté Lyrique, seulement 3 jours après la commande. Wow!
Le 23 mai, je retrouve les élèves au plateau bar de la Gaîté, ils vont présenter leur projet. Lyna, Ambre et Christelle parleront, elles ont préparé une courte présentation bien résumée du projet et quelques blagues à leur manière. Une super intervention !

Ensuite les élèves découvrent l'exposition et ils découvrent le journal. Ils ont quelques caisses de journaux à ramener au collège. Et ils décident de commencer la distribution dans la Gaîté Lyrique et dans le quartier. Totalement excité par montrer au monde leur travail, chacun s'empare de quelques journaux et partent en courant en distribuer à qui veut. Ils sont confrontés aux «non merci» de certains ou aux questionnements d'autres. En tout cas ils ont l'air fiers quans ils repartent cartons de journaux dans les bras vers le collège.

Le projet a été encadré par Sarah Garcin (artiste), Romain Poncato (enseignant histoire-géographie), Anne Régnier (enseignante de mathématiques) et Lucie Bernard (chargée des relations avec les publics à la Gaîté Lyrique).
Ce projet a été réalisé en partenariat avec la Gaîté Lyrique, avec le soutien du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis dans le cadre du dispositif Educations aux Regards.